L’auteur de La Porte retombée (Prix Fémina 1960) a situé l’action de son nouveau roman en Armorique. La mer changeante et les rochers, le brouillard, les tempêtes et la nuit, le déroulement des saisons sur cette côte sauvage ont permis à Louise Bellocq de créer une extraordinaire atmosphère de passion qui convient à son inspiration romantique. Claire est la très jeune veuve de Gauvain Minnigan mort sur le front d’Algérie. Un second malheur - elle vient de perdre sa mère - la pousse à chercher refuge à Lan-Kerlec, sur la côte armoricaine où vivent, recluses dans leur solitude, la mère de Gauvain et sa sœur Maude. Mais à peine arrivée, Claire pressent qu’un drame a eu lieu : Maude, qui s’est séparée de son mari Tanguy, sombre dans la folie. Madame Minnigan soigne avec horreur et dévotion cette fille étrange, trop aimée, plus déesse que femme, essayant de l’arracher à sa déchéance. Et Claire la pure et la pieuse va tenter d’élucider un mystère qu’elle croit, dans sa candeur, facile à résoudre : puisque Tanguy et Maude se sont aimés follement autrefois, puisqu’un enfant, le petit Guirec, est né de leur union, il faut les rapprocher l’un de l’autre. Mais elle n’a pas su compter avec le génie destructeur du mal : ses rencontres clandestines avec Tanguy qui ne tarde pas à s’éprendre d’elle, ses prières à Notre-Dame de la Liesse, sa volonté de déjouer les perversions les plus cachées de l’âme et du corps vont la conduire petit à petit vers une issue dramatique : la mort frappera de nouveau. Et la merveilleuse jeune femme, marquée désormais par un lourd sentiment de culpabilité, fuira une fois de plus vers la solitude définitive.