Ce que fut la résistance des armées allemandes pendant les derniers mois de la guerre, tandis que les Alliés enfonçaient les frontières du IIIe Reich, certains en ont gardé un souvenir ineffaçable. Nicolas Morgon, par exemple. D’une expérience certainement vécue, il nous donne une vision saisissante : celle de ces « patrouilles perdues » au fond des forêts de Moselle et qui vivaient une guerre âpre et cruelle de coups de main, d’attentats isolés, d’embuscades. C’est l’histoire d’une de ces patrouilles que nous conte l’auteur de Je suis un héros, dans le même style simple et dur, avec la même tension intérieure, toujours renouvelée, qui avaient fait le succès de son premier roman. Nous vivons cette vie d’alertes et d’embûches, cette vie de guerriers quasi-préhistoriques malgré les moyens techniques dont ils disposent, comme si nous nous trouvions, nous aussi, plongés au sein même, le plus noir, le plus terrifiant, de la guerre la plus impitoyable : la « guerre de l’affût ». Ici, le gibier de l’homme, c’est l’homme. et tout gibier peut, à chaque instant, se transformer lui-même en chasseur. Qui gagne, qui perd, on ne sait. Mais chacun sait qu’il risque, à toute seconde, de se trouver couché, la seconde d’après, dans les feuilles mortes d’un sous-bois, LES BRAS EN CROIX. Avec cette bouleversante évocation d’une guerre mal connue, Nicolas Morgon confirme, de manière éclatante, tous les dons dont il avait déjà fait preuve.