Cet essai de sociologie de l’alimentation est composé de deux parties. Dans la première — intitulée les jeux du Plat — l’auteur essaie de savoir ce que manger veut dire en interrogeant l’histoire des manières et ustensiles de table occidentaux, mais aussi les mots qui servent à désigner les différentes phases d’un repas. Ainsi, nous apprécions successivement la signification sociologique du repas — ce jeu sur le monde plat de la table —, le sens de l’évolution alimentaire, la situation actuelle de l’alimentation et son futur probable. Dans la seconde partie, l’auteur, s’étant avisé que la table est creuse par en dessous et par les vases qu’elle supporte, abandonne la rigueur scientifique de l’analyse et ausculte, avec sa seule sensibilité, les creux du Plat, par où passent les âmes, les enfers et quelques paradis. Et, curieusement, nous comprenons, à l’issue de cette deuxième partie, pourquoi la Révolution de 1789 fut faite et avorta, ou pourquoi la Terre est aujourd’hui ronde En passant d’une partie à l’autre Frédéric Lange nous fait distinguer deux formes d’intuitions : une intuition blanche, qui suit l’Histoire et les mots, et une intuition noire, qui plonge dans l’épaisseur des choses. L’une et l’autre ouvrent sur des dimensions qui ne nous sont guère familières et font du repas un acte bien étrange.