L’Inde de la légende, celle des ors et du marbre d’Agra, des éléphants et des tigres royaux, des maharajahs, mais aussi et surtout celle de l’horreur, du sang, des larmes et de la mort. Calcutta peut-elle s’intéresser à la crise des Européens et de l’énergie, à la chute des économies, elle toujours en crise, affamée, grouillante d’hommes-bêtes, défi à la raison et tremplin de l’épouvante ? Un petit sous-officier mutilé de guerre, venu de sa Corse lointaine, ne se pose même pas ce genre de question. De Diên Biên Phu à Calcutta, il n’y a eu pour lui que le fossé qui sépare la fin d’une guerre perdue de la déchéance. Gavy...garde-à-vous ! Gavulla, gardien d’un centre français où tournent des ordinateurs qui travaillent pour le futur fantastique de l’Inde, mange la consigne, vingt ans après qu’un éclat lui ait emporté le bras. Gavy, plongé en enfer, regrette désespérément. Il ne comprend plus. Déjà Calcutta l’a happé, implacable : Tout autant que les vautours qui tournoient au-dessus de Kidderpore, des « tours du silence » et de l’abomination.