« Nous serons de retour à l’automne », avaient dit les hommes en prenant le train à la Gare de l’Est au mois d’août 1914. L’automne est venu, sans ramener la paix. L’hiver arrive, et voici qu’on s’installe dans la guerre. Pour combien de temps ? C’est la question qui est sur les lèvres de tous ces témoins : généraux ou poilus, hommes d’État et petites gens, dont la présente histoire de la Grande Guerre est l’œuvre commune. Ce sont eux en effet qui, dans leurs mémoires, leurs articles, leurs journaux de régiment, leurs rapports d’état-major, voire leurs carnets ou leurs lettres personnelles, racontent ici ce qu’ils ont vu, vécu, ordonné ou subi. Après Charleroi, la Marne, Tannenberg, sujet du tome 1, il semblait, en ce premier hiver, que les grandes pages de la guerre eussent été écrites. Hélas ! il en reste d’autres, beaucoup d’autres. C’est la plus glorieuse de toutes, c’est Verdun qui va dominer les années 1915 et 1916, sujet de ce deuxième volume, où nous voyons le conflit s’étendre de Salonique au Jutland, de l’Atlantique où sombre le Lusitania, à la Russie où le Tsar Nicolas II sent vaciller son trône, et où le matériel acquiert soudain une place que nul n’aurait pu soupçonner, faisant d’ores et déjà de ce conflit la guerre la plus meurtrière de tous les temps.