À l'heure où, salué par toutes les cloches de la chrétienté, le Vatican tient son Concile œcuménique, était-il opportun de réveiller le souvenir des guerres de Religion ? Le Pape Jean XXIII appelle aujourd'hui à l'union tous ceux qui se réclament du Christ : or, dans le présent livre, c'est la voix du sectarisme et de l'intolérance qui s'exprime, et l'image sanglante de la Saint-Barthélemy qui se profile…Mais c'est aussi toute une époque qui revit à travers ces témoignages : une époque où les Chrétiens, sentant unanimement le besoin de réforme, la cherchent avec toute l'ardeur qui caractérise le temps de la Renaissance et, hélas, croient la trouver dans deux directions opposées : celle d'Ignace de Loyola et celle de Calvin… Et c'est ici que l'Histoire remplit pleinement sa mission la plus haute, celle d'éclairer le présent par le passé. Le pourquoi des divergences entre Chrétiens, le voici qui apparaît, à la source même de ces divergences. Et, grâce à la formule de la collection « Il y a toujours un reporter » — qui consiste à laisser parler les témoins —, ces divergences s'expriment ici de la façon la plus humaine : ce ne sont pas seulement des idées qui s'opposent, mais des tempéraments, avec leurs passions et leurs intérêts, souvent plus forts que les convictions…En écoutant la voix des premiers réformateurs et de leurs adversaires, nous sommes amenés à les comprendre ; de même qu'en voyant naître leurs querelles, nous nous expliquons mieux ces débordements de cruauté, ces massacres au nom du Christ, qui nous semblaient incompréhensibles. Et ainsi l'histoire vécue des guerres de Religion devient-elle un livre de compréhension, donc de concorde. Un livre œcuménique.C'est d'ailleurs cette vocation qu'affirme, en tête du livre, la double préface d'un pasteur et d'un Dominicain. Émouvant dialogue d'un Catholique et d'un Protestant, également éminents, autour de la Saint-Barthélemy, de ses tenants et de ses aboutissants.En donnant ainsi leur caution à l'ouvrage de Julien Coudy, M. le Pasteur Henri Bosc, membre de la Société d'Histoire du protestantisme français, et le R. P. A.-M. Roguet, dominicain, apportent une justification éclatante à l'entreprise audacieuse d'un historien chrétien qui a voulu, par la passionnante confrontation des textes, apporter sa pierre à l'édifice du Concile.