« Commençons par le commencement. Moi, Martin Tournebise, Béarnais-la-Rose-d’Amour, je suis compagnon charpentier de mon état. J’ai femme, enfants, et quelques amis fidèles. Je suis compagnon et fier de l’être. Et n’entre pas qui veut dans notre compagnie. Il faut des mains qui à travailler aient acquis de l’expérience, et avoir fait son Tour de France. Il faut aussi respecter la « règle » librement acceptée. Mais le meilleur est notre fraternité. Un compagnon, c’est fait pour voyager et non pour tourner autour de son clocher. Autant de pays, autant de guises. Tous ont leur charme et leur beauté ; cependant, j’aime ma province et lui trouve des attraits secrets. Voyager, je veux bien, à la condition toutefois de pouvoir revenir à ses racines ! De ville en ville et de chantier en chantier, peut-être ai-je dégrossi mes idées. De là-haut, sur les toits, il y a toujours de nouvelles choses à observer ! Alors, puisque je veux écrire, à nous deux, Martin. Ecrivons. Retrouvons-nous face à face ! Mieux te connaître, Martin ! Derrière la bisaiguë, tu rumines tes idées. C’est le moment de les exprimer. Auras-tu le courage de dire chacune d’entre elles ? Tu es bien capable d’éviter une glace pour ne pas voir ce qui te déplaît. Allons, sois franc, va au fond de toi sans tricher. Si, en quelques passages, ta vanité se trouve chatouillée, n’essaie pas de les esquiver. » B. C.