Le théologien peut-il se divertir à lancer en l’air des hypothèses de bureau sans se soucier de leurs retombées sur les personnes réelles ? Les idées émises à la cantonade, pour le plaisir de la curiosité, peuvent se trouver infliger des blessures et susciter des contre-sens. Faire de la théologie, ce n’est pas un hobby pour irresponsable ; ce n’est pas une coquetterie pour vedette : c’est un service plein de gravité, et ses racines plongent dans la terre des hommes. L’auteur de Je crois en Jésus-Christ aujourd’hui et de Quel Salut ? a décidé de livrer ici, en toute franchise, ses réflexions sur la dévaluation de la pensée croyante. En une époque de mass media, où les concepts, diffusés par d’innombrables répétiteurs, se muent en slogans, il veut montrer l’importance d’une exigence véritable de la pensée. Or la réflexion chrétienne manque souvent de cette radicalité : elle écoute anxieusement, elle se laisse séduire de peur, elle récupère, badigeonne, requinque, et revend. L’analyse de tout ce qui se dit et se propage actuellement amène l’auteur à deux constatations : la première est que l’idéologie théologique est bien souvent inconsciente de son infra-structure philosophique ; la seconde, c’est que la crise de l’Église est largement tributaire de la crise de la société. C’est sous cet éclairage que peuvent être abordés alors les problèmes qui défrayent la chronique : l’unité dans le pluralisme, la difficulté de rassembler la communauté eucharistique, l’interprétation de la Tradition, la signification du sacerdoce, la possibilité d’une consécration totale à l’Évangile. Hors de là, il n’y a que psittacisme mondain. La communion véritable, respectueuse des différences, ne serait-elle pas à chercher dans le retour à la profondeur ? L’auteur de ce livre croit que c’est possible — et urgent.