Griserie

On retrouve dans « Griserie », Marion la rêveuse adolescente, qui était l’héroïne de « Fascination », le premier roman de Florence Asie. La mort de Mme Algan et de M. le Doyen, le départ de Drouillon pour l’Afrique, sont des événements consignés désormais dans ce que l’héroïne appelle le « Remember ». Pour échapper à sa pernicieuse mélancolie, elle veut vivre. Elle a dix-neuf ans, elle travaille en ville, elle est belle, elle attire les hommes. Chaque soir, elle va danser seule au Dixa, au Gaîté, au Molière, au Fantasio, à l’Hippo-Palace. T’souste le tanneur tombe amoureux fou d’elle. Mais dès qu’il parle mariage, elle fuit. Elle ne veut pas se fixer, elle veut surtout retrouver dans les bras de ses innombrables danseurs et sur leurs lèvres la folie sensuelle que Drouillon, autrefois, lui a fait connaître dans un chemin creux. Perversement, elle se prête tour à tour à Iram l’aviateur, Edmond, Armand le peintre ; et le jour où elle se donne à l’un d’entre eux, c’est en pensant à l’absent, celui qui n’a jamais répondu à sa lettre, celui qui revient enfin au pays, celui qui lui permet de retrouver l’ensorcellement de la chair et des rêves, celui qui, en définitive, ne sera peut-être jamais autre chose qu’un moment ébloui où l’amour feint de se confondre avec l’éternité.