Pour l’écrivain maghrébin, c’était une chance unique d’avoir émergé. Mais une chance dangereuse, parce que les intellectuels français entendent vivre le monde dans sa variété et dans sa palpitante actualité. Maintenant que la conjoncture mondiale est autre, que le problème nord-africain a été « résolu », les écrivains maghrébins d’expression française se sentent frustrés après avoir été encensés. Ils ont le sentiment honteux d’avoir été utilisés. Certains expriment manifestement un véritable dégoût pour leurs propres écrits. Faut-il reconnaître avec Albert Memmi ce phénomène qu’il a prévu il y a dix ans : « Le tarissement naturel de la littérature colonisée » ? Dans tous les cas, l’écrivain maghrébin est désormais confronté avec les problèmes de sa société. A.K.