« L’historien et le mouvement social est le dernier livre préparé par Georges Haupt, directeur de la collection Bibliothèque socialiste, mort en 1978. Comme l’auteur l’écrit lui-même dans son introduction : « Les études réunies dans ce volume sont le produit d’un combat pour l’histoire ouvrière commencé il y a deux décennies ». Un combat qu’il a dû mener en permanence sur deux fronts. D’abord contre ceux pour qui le mouvement ouvrier a toujours été exclu de l’histoire officielle ; et si ces dernières années l’histoire ouvrière a acquis droit d’entrée dans son université, elle n’y a trouvé qu’un strapontin. Contre l’historiographie officielle des organisations ouvrières ensuite, dominées des décennies durant par la politique et la « pensée » stalinienne, qui a réécrit cent fois l’histoire en fonction de ses besoins du moment, qui a transformé les archives en prison et les historiens en vigiles assermentés. Pour Georges Haupt, il n’y a « pas de choix possible, ni de compromis quelconque entre l’exigence du moment et la vérité historique ». Il n’y a donc pas d’autre voie pour l’historien que celle de ce double combat. Son objectif : restituer son histoire au mouvement ouvrier et le faire assimiler par les nouvelles générations de militants ; non pas par passéisme, ce « culte réactionnaire du passé » que dénonçait Marx, mais parce que « le prolétariat n’a d’autre maître que l’expérience historique ». Les études réunies dans ce volume fournissent à la fois l’illustration d’une méthode (« Pourquoi l’histoire du mouvement ouvrier ») et des analyses détaillées de certains phénomènes historique (comme par exemple « La Commune comme symbole et comme exemple » ou « Le rayonnement de la Social-démocratie allemande dans le sud-est européen »). Ce livre apporte une pierre importante à un combat qui ne fait que commencer et nous fait mesurer la richesse de la contribution de Georges Haupt.