En août 1914 devait se réunir à Vienne le Xe Congrès Socialiste International. Les textes des rapports étaient prêts. La guerre éclata, le Congrès n’eut pas lieu et les documents, imprimés, ne furent jamais distribués. Cette étude de Georges Haupt se fonde sur ces textes ainsi que sur les documents inédits des archives du Bureau Socialiste International pour recréer l’atmosphère du mouvement socialiste à la veille de la guerre et dresser le bilan de son action. Le Congrès devait faire le point sur les luttes ouvrières et les tendances modernes du capitalisme ; il devait également se prononcer sur les moyens concrets de s’opposer à la guerre, mais ce n’était pas pour autant sa préoccupation capitale. Depuis janvier 1913, après une période de tension et d’incertitude, le mouvement socialiste envisageait la situation internationale avec plus de confiance. Les documents publiés montrent son écroulement dramatique, due aux erreurs d’appréciations théoriques de ses dirigeants, doublement optimistes, quant à la situation internationale et quant à la détermination réelle des directions nationales de respecter les résolutions des Congrès Internationaux. Les comptes rendus de la dernière réunion du B.S.I., publiés ici pour la première fois, montrent, que malgré leurs inquiétudes, les dirigeants ont espéré jusqu’au dernier moment tenir leur Congrès en anticipant la date... Ces documents où l’on retrouve les noms d’Adler, Jaurès, Guesde, Liebknecht, Rosa Luxemburg, Vaillant, Keir Hardie, Sydney Webb... etc., sont donc capitaux parce qu’ils sont l’expression authentique de la pensée socialiste à son plus haut niveau à la veille de la guerre, avec ses préoccupations profondes et ses erreurs tragiques.