Quelqu'un prête son visage, son corps, ses rides, aux figures limées de l'époque : fouteur, peintre, drogué, gérant des pompes funèbres, écrivain. Quelqu'un porte les fards, la chevelure, les sous-vêtements, les prénoms d'une femme, qui relie d'un même désir tous les preneurs de datura. Hors de portée, deux figures plus denses, deux trous noirs : le mongolien, la plus que lente. Et dans les supermarchés, sur les plages, sur les parkings, Angélique et Eros se retrouvent, se perdent, se cherchent, répètent de pseudo-histoires d'amour. Ainsi, tandis que les remakes se multiplient, toujours quelqu'un demande aux simulacres une protection moins fuyante, un apaisement, une halte. Rempart mobile. Seule la musique, sans doute, peut jouer de cette émotion : rivale du narrateur qui a vendu sa peau, règne, inconsolable, la chanteuse de reggae.