Cet ouvrage se propose d'introduire à quelques lectures majeures de Kant, en prenant pour fil conducteur le problème du dualisme kantien de la matière (l'a posteriori) et de la forme (l'a priori). Ce qui fait problème dans ce dualisme, c'est la soumission humiliante de la pensée à son autre, la matière de la connaissance, reçue passivement par les sens, et non produite par la raison. La présente étude entreprend, d'une part, de manifester la fécondité de ce problème dans la genèse des grandes philosophies allemandes, sur une période qui s'étend du poskantisme (Fitche, Schelling, Hegel) jusqu'au débat de Davos (Heidegger, Cassirer). Il souligne, d'autre part, que le dualisme peut être interprété moins comme un obstacle à l'unité du savoir ou à la primauté de la raison, que comme le ressort même de l'activité créatrice de l'homme.