Plutôt que de compliquer le marxisme par des interprétations philosophiques destinées à le rendre concret et intelligible, on propose une autre voie de réforme : sa paupérisation philosophique, sa simplification interne, à la fois sa radicalisation et son universalisation pertinentes pour toute conjoncture possible, c'est-à-dire le capitalisme et la philosophie réunis dans la pensée-monde. Une axiomatisation, transcendantale plutôt que formelle, doit le désencombrer de ses postulats inutiles, historico-dialectiques, et du concept philosophique des postulats. À cette fin, quatre voies sont prospectées qui doivent instaurer une pratique non-marxiste du marxisme : la détermination-en-dernière-instance, dont les philosophies ont méconnu l'originalité non-philosophique de causalité par immanence unilatérale, et qu'ils n'ont pu élucider par ensorcellement dialectique ; l'infrastructure comme immanence radicale du Réel travestie en matière et matérialisme ; l'identité sans synthèse dialectique de la science et de la philosophie, donc une réforme de la théorie et une discipline inouïe qui use de la philosophie sans en être une ; un nouvel objet, posé comme une hypothèse adéquate au concept axiomatisé de l'infrastructure, non plus les formes socio-économiques du capitalisme, mais la fusion du capitalisme transhistorique et de la totalité de ses conditions philosophiques de fonctionnement, c'est-à-dire de la philosophie en personne, dans l'universalité de la pensée-monde. Le programme non-marxiste ne nie pas philosophiquement le marxisme, il le pratique autrement pour retrouver son originalité théorique et humaine. Aller à Marx plutôt qu'y faire retour, le connaître plutôt que le reconnaître...