Ainsi, flattant un goût archaïque pour la terreur, Zarathoustra se présente comme le dernier croisé d'un monde qui a renoncé aux croisades, comme le dernier chevalier d'un royaume qui a renversé les pyramides de dépendances, comme le dernier ermite d'une religion qui ne peut plus faire appel à l'éternité d'un enfer, comme le dernier mage d'une doctrine qu'il faut détruire puisque tous la comprennent. Ultime mandarin de la philosophie classique, fonctionnaire poussiéreux d'une administration aristocratique de l'intelligence, défenseur délirant d'une force asservie à la science, attardé d'un système de pensée antérieur à Copernic, il exalte la beauté à condition qu'elle soit en marbre et, décidant la mort violente de l'homme pour ne pas assister à sa transformation, il réduit la parole-non-parole du créateur aux souffles de l'ectoplasme.