Dans sa profession, comme dans la théorie qu'il élabore, le psychanalyste est forcément affronté à ce qui forme notre monde, dans un domaine et d'une façon qui, autrefois, étaient réservés à la seule philosophie. Aussi, après avoir publié des ouvrages sur le temps, sur l'identité et sur le corps d'un point de vue psychosomatique, Jacques Caïn aborde ici le problème de la connaissance, son objet, la place de celui qui s'y attache, la distance nécessaire entre ce qui paraît et ce qui est, le désir insatisfaisable étant, en fin de compte, le seul lieu d'une certaine vérité. Face à la cohérence des systèmes de défense et à l'univocité des psychologies en première personne, la psychanalyse nous met perpétuellement en présence d'une incohérence qui se traduit dans tous les paramètres sensoriels, affectifs ou intellectuels. Le voir, le sentir, le penser, l'affect qui les accompagnent nous donnent du monde une perception qui en fait vient de l'intérieur, au moins pendant la cure, et sans doute au-delà. Le sujet vit ainsi dans une perpétuelle discordance avec des repères qui s'alignent sur une mouvance constante. Connaître ne peut être que tendre à connaître, et c'est seulement dans le délire que le monde est structuré, cohérent et se présente comme achevé. L'analyse nous met, à l'inverse, en présence d'une perpétuelle recherche de soi, c'est-à-dire d'un constant devenir.