Dans la psychose, les données cliniques montrent que, dès l'apparition des premiers troubles aigus, une difficulté caractéristique se manifeste au niveau de l'attribution de la responsabilité causale des actions. Les patients se sentent poussés à agir par les autres, tout en ayant aussi le sentiment de contrôler l'action d'autrui. Cette difficulté va souvent de pair chez les schizophrènes avec une modification du sentiment d'identité personnelle. Parmi les symptômes de l'autisme, on trouve des difficultés de contrôle de l'action, une réduction des centres d'intérêts, des stéréotypies comportementales, et une difficulté à comprendre les événements d'ordre mental. Des résultats expérimentaux récents permettent d'orienter la réflexion théorique sur l'origine fonctionnelle commune de ces perturbations. Ils indiquent l'importance du suivi de l'action dans l'acquisition par l'enfant d'une théorie de l'esprit, c'est-à-dire des connaissances nécessaires à l'interprétation de ses propres états mentaux et de ceux d'autrui. Dans le cas de l'adulte, un mauvais suivi de l'action pourrait porter atteinte à la capacité de reconnaître ses propres intentions d'agir, et modifier ainsi le sens de sa propre identité. Subjectivité et conscience d'agir rassemble des travaux de clinique psychiatrique (Henri Grivois), de psychologie du développement (James Russell), de neuroscience cognitive (Marc Jeannerod, Pierre Fourneret) et de philosophie de l'esprit (John Campbell, Pascal Engel, Élisabeth Pacherie, Joëlle Proust). Le point commun est d'élucider le rôle qui revient aux fonctions exécutives dans la compréhension de soi-même et d'autrui. L'ouvrage s'adresse aux étudiants, aux enseignants et aux chercheurs en psychologie, en neuroscience et en philosophie, mais aussi aux psychiatres et aux cliniciens, ainsi qu'à tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la psychopathologie cognitive.