Il est des sorcières qu'on n'a pas encore brûlées, qui - dans la solitude - mettent à nu des chantiers où les choses peuvent se transformer, où leurs voix nous entraînent dans des aventures inédites.Bona est de celles-là.Au cœur du Marais, dans le vaste atelier, quand la ville dort, Bona peint.C'est ici l'histoire d'une femme ouvrière et créatrice. Bona y raconte comment la fière descendante des doges vénitiens, chassée de son Italie par la barbarie mussolinienne, découvrit - à Paris - la beauté féroce des poètes surréalistes ; comment, rue des Saints Pères, elle rencontra André Pieyre de Mandiargues, dont elle devint l'épouse ; comment enfin, par-delà les voyages lointains et les amours, elle ne se donne surtout qu'à la peinture qui, dans l'intensité du labeur, la fait basculer dans quelque chose qu'elle ne contrôle plus, et la sauve.C'est un livre conçu comme une aventure surréaliste. Des nuits entières, Alain Vircondelet a suscité Bona la magicienne. Et des voix, auxquelles elle n'avait pas encore touché, neuves, venues de loin, se sont élevées, transcrites ici même.Il faut comprendre ce livre comme un guide, une initiation, dont on peut dire sans préjuger qu'il n'aurait certes pas déplu à André Breton lui-même par la capture progressive du plaisir et des sens.