« Le minimum que puisse faire un psychiatre est de libérer le délire sous-jacent qui l’a attiré vers cette profession morbide de voyeur » dit Gérard Hof. Le ton du livre est donné d’entrée. Il ne s’agit ni d’une analyse théorique du monde psychiatrique, ni d’un plaidoyer pour une « anti-psychiatrie » mais de la relation d’une démarche d’abord personnelle, puis collective, à la frontière entre la « folie » et la « raison ». Externe puis interne à l’hôpital psychiatrique du Vinatier à Lyon, Gérard Hof essaie de se « situer » entre le monde des « soignants » et le monde des « soignés ». C’est une tentative qui le mène à une remise en question de plus en plus radicale de l’institution psychiatrique. Loin de chercher une meilleure manière de « soigner » la « folie » il en vient, à travers sa pratique personnelle, à tenter de libérer le délire collectif contenu dans les murs de l’asile. La dimension du combat qui se joue entre les « fous » et les « normaux » dépasse largement le problème de la « maladie ». Ce livre est beaucoup plus qu’un témoignage. Il est la forme que prend la lutte engagée par Gérard Hof, Sawna et les autres, lutte qui se veut d’abord lutte politique. Un texte subversif.