La quasi-totalité des histoires de la société française à l'époque contemporaine ignore les domestiques. Quant aux romanciers, l'image qu'ils en donnent est suspecte : Germinie Lacerteux des Goncourt ou la Françoise de Marcel Proust ne reflètent en effet qu'une réalité déformée par le jeu naturel de la création. Comment vivaient les gens de maison ? Quels étaient leur logement, leurs gages, leur nourriture, leur costume, leurs sentiments religieux, leurs convictions politiques ? Comment étaient-ils traités ? D'une manière générale, les domestiques étaient méprisés, mais l'Église se souvenait qu'ils avaient une âme et de bons maîtres tempéraient une cruauté inconsciente et admise. Rassemblant une documentation restée jusqu'à présent éparse et fragmentaire, ce livre nous restitue dans sa vérité, avec ses ombres et ses servitudes, un milieu social ignoré malgré son importance : pendant longtemps n'y eut-il pas environ un domestique pour trois ouvriers ?