Cette vie quotidienne sur les gens de mer ne concerne pas seulement les navigateurs, mais tout leur environnement, le milieu dont ils sont issus et aussi tous ceux qui, de près ou de loin, vivent de la mer. Après Charlemagne, l'effroi suscité par les pirates vikings vide les côtes. La mer n'apporte que le malheur et la désolation. Cette peur va peu à peu s'atténuer et, au fur et à mesure que les hommes domestiquent les marais, créent, puis animent des ports, la fonction sociale des gens de mer s'affirme plus nettement. Le pêcheur approvisionne en poissons les jeûnes de l'Église ; le paludier fournit le sel, unique et indispensable procédé de conservation ; le marin assure un commerce de plus en plus international et devient un maillon essentiel de l'enrichissement général. D'abord estimé hasardeux, le métier de la mer devient alors noble, car naviguer exige du courage. La guerre, celle de Cent Ans surtout, en fournit la preuve. Et, sur le pont d'un navire, on ne peut ni reculer ni fuir... Sans pouvoir encore parler de flottes de guerre, les nations s'arment pour les combats maritimes. Puis, l'art de naviguer s'épanouit, associant à l'intuition des débuts l'usage des cartes, des routiers, du compas et de l'astrolabe, toutes inventions qui favorisèrent les grandes découvertes. Utiles, mais bizarres aux yeux des terriens, affranchis et ouverts sur le monde, mais attachés aux traditions, les marins passent pour des gens à part : comment peut-on être marin ?