« Substituer l’imaginaire exaltant au réel morne ou intolérable », l’expérience est connue des lecteurs quand ils cèdent à leur plaisir familier. Or la lecture, avance Roland Bourneuf, nous réconcilie tout autant avec la « vie palpable », accomplissant ce prodige, par l’aventure d’un autre, de rapprocher l’être de lui-même ou, plus précisément, de ce qui l’attend en lui-même. À la succession de commentaires sur les auteurs et les livres qu’il a aimés, de son enfance à aujourd’hui, l’auteur a préféré un parcours en chassé-croisé, tel livre appelant tel épisode de sa vie, la lecture se présentant comme exercice d’intimité : de même qu’on apprend à lire, avec ou sans théories, on doit apprendre à être soi, on le devient. Ainsi referme-t-on Pierres de touche avec le sentiment d’avoir eu une bibliothèque comme demeure. Une immense bibliothèque.