À la veille de quitter, à soixante-sept ans, le secrétariat général de la confédération générale Force Ouvrière, qu'il exerce depuis vingt-cinq ans, André Bergeron fait le bilan de sa vie, et de sa carrière mouvementée de militant et de dirigeant syndicaliste. Fils d'un lampiste à Belfort, apprenti imprimeur dès 1936, il adhère aussitôt au syndicat du livre, et aux Jeunesses socialistes. Devenu secrétaire de son syndicat, il est - en 1947 - en pleine guerre froide, parmi les artisans de la scission de la CGT, inféodée au Parti communiste, alors aux ordres de Staline. Secrétaire général de Force Ouvrière - à partir de 1963 - il sera l'un des interlocuteurs privilégiés — et écoutés — de tous les présidents, du général de Gaulle à Mitterrand, et de tous les premiers ministres, de Pompidou à Rocard. On lui doit, notamment, en mai 1968, le SMIC à 3 F, la quatrième, puis la cinquième semaine de congés payés, une partie du progrès social accompli au cours des dernières décennies. À toutes ces révélations, véritable contribution à l'histoire politique et sociale de notre temps, l'auteur ajoute les réflexions d'un homme qui a toujours refusé les postes ministériels que lui offraient les gouvernements successifs, d'un démocrate qui, resté partisan du régime parlementaire, s'inquiète de voir les partis devenir les instruments d'un président, ou d'un présidentiable. Mais, malgré ce qu'on appelle la "crise du syndicalisme", dont il analyse les causes, sa foi dans l'avenir du mouvement syndical demeure intacte. Voici le livre d'une honnête homme, qui doit sa grande popularité à son bon sens et à son franc-parler, les deux qualités qui dominent l'ouvrage.