Mortes sont les idéologies qui ont, pendant si longtemps, fait vibrer des millions d'êtres. Leur disparition crée, au cœur de l'homme, un vide abyssal. J'ai commencé à me défoncer, nous a dit un jeune drogué, le jour où j'ai compris que rien ni personne ne pourra jamais changer ce monde pourri. Je ne crois plus à ceux qui veulent faire le bonheur de l'homme. Plus ils sont sincères, et plus ils sont dangereux. Tel est le drame du monde contemporain. Faut-il donc baisser les bras ? Pendant plus d'un an, nous sommes partis à la recherche des germes de l'espérance. Nous nous sommes transformés en nomades, pour rendre compte d'un prodigieux phénomène : loin des projecteurs de l'actualité, en ce siècle de fer, en apparence si désespéré, un monde nouveau est en train de naître. Laissant de côté les marchands d'illusions et les sectes aux multiples visages, nous nous sommes plongés au cœur des traditions millénaires. Nous avons assisté aux grandes pujas des Tibétains, cheminé d'ermitage en ermitage sur la montagne de saint François d'Assise, découvert la paix de la méditation Zen dans le centre du comte Dürckheim, suivi l'enseignement d'Arnaud Desjardins, partagé les fastes de la liturgie orthodoxe, ou la foi contagieuse des communautés du Renouveau, répété, pendant des heures, le nom d'Allah avec les Soufis... Tous proclament le même message : avant de vouloir changer le monde, il faut se transformer soi-même. Changer son cœur. Les vrais révolutionnaires construisent l'avenir avec l'amour pour seule arme. Ces révolutionnaires-là, les vrais porteurs d'espérance, nous les avons trouvés. Et la divine surprise a été, pour nous, de constater qu'ils ne prêchaient pas dans le désert, mais qu'ils étaient, au contraire, entourés de foules ardentes, enthousiastes et jeunes. Tant est grande au cœur de l'homme la soif de l'Absolu.