Aujourd’hui, les très jeunes enfants sont exhortés à « devenir autonomes », donc à choisir. « Que veux-tu manger ce soir ? », « De quoi as-tu envie aujourd’hui ? » ne cessent de leur demander leurs parents pour toutes les choses de la vie quotidienne. Offrir le choix à son enfant apparaît comme la clef de voûte de l’éducation, avec ce souci légitime de lui accorder très vite le statut d’individu. Dans les sociétés occidentales, autonomie et liberté de choix apparaissent comme les deux prérogatives de l’individu contemporain. Comment imaginer que ces nouvelles conditions éducatives ne jouent aucun rôle à l’adolescence ? Comment cet adolescent auquel a été reconnu le « pouvoir de choisir » lorsqu’il était enfant pourra-t-il négocier pendant la crise d’adolescence les contraintes de la puberté qui lui imposent une nouvelle identité sexuée ? Choisir son genre, son sexe, serait-il la manifestation de cette liberté de choix devenue une valeur éducative cardinale ? À partir d’une réflexion nécessaire sur les principes éducatifs actuels, deux éminents cliniciens, pédopsychiatre et psychologue, proposent un point de vue inédit sur les nouvelles quêtes d’identité. Daniel Marcelli est professeur émérite de pédopsychiatrie. Ancien président de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, il a écrit de nombreux ouvrages consacrés à l’enfance et à l’adolescence. Antoine Périer est docteur en psychologie, psychanalyste, psychothérapeute et professeur à la Maison de Solenn-Maison des adolescents de l’hôpital Cochin à Paris (service de la professeure Marie Rose Moro). Il est l’auteur de plusieurs livres consacrés à la psychothérapie et à la psychopathologie de l’adolescent.