Curieuse aventure que celle de ces trois académiciens qui, du jour au lendemain, abandonnant une partie de leurs activités habituelles, décident de se consacrer aux bambins de l’école primaire, en aidant leurs maîtres à leur faire découvrir et aimer la science ! S’inspirant à la fois de pratiques pédagogiques éprouvées — mais en grande partie délaissées — de nos écoles, et d’expériences stimulantes entrevues outre-Atlantique, les voilà proposant au ministre de l’éducation nationale, en 1995, sous le nom de La main à la pâte, une renaissance de l’enseignement de la science à l’école, obtenant l’appui de l’Académie des sciences, créant autour d’eux des équipes enthousiastes, établissant de multiples partenariats et suscitant, dans le corps enseignant, ici un scepticisme amusé et là une adhésion sans faille. « La science, disaient-ils, fait ce don superbe à l’enfant d’affiner son imagination, d’encourager sa curiosité, de stimuler ses talents manuels, de l’initier à la découverte, de l’entraîner à la rigueur intellectuelle, de conforter sa maîtrise du langage et de l’ouvrir à l’universel. » évidences surannées ? Certes, mais toujours à ré-inventer. Dix ans après, voici donc le récit d’un succès, mais aussi des voies proposées pour un nouveau chantier vers le collège. Georges Charpak, physicien des particules, est prix Nobel de physique. Pierre Léna est astrophysicien, Yves Quéré physicien des solides. Tous trois sont membres de l’Académie des sciences.