Odile gisait maintenant dans un cachot suintant d'humidité. À l'extérieur, la jeune femme entendait un léger clapotis : l'eau du canal qui caressait les vieilles pierres. Odile se trouvait dans une de ces sinistres oubliettes vénitiennes du XVe siècle, dont peu de prisonniers ont jamais réussi à s'échapper. Aux ordres de qui obéissaient les hommes de main qui l'avaient capturée ? À Sao Sou Chen, le gigantesque espion de la Chine communiste ? À l'adversaire mystérieux dont elle devinait la présence à Venise ? Ou à l'audacieux Boris Borodine ? La façon dont Tarpélev contemplait la jeune femme ne présageait rien de bon... ses petits yeux brillaient d'un curieux éclat. Sa balafre avait pris une teinte violette. La lutte avec cette brute s'annonçait redoutable. Mais, dans une fente de son pantalon de velours, Odile a dissimulé son stylet, une longue lame terminée par une boule de plomb : arme redoutable et silencieuse qu'elle ne lance jamais en vain.