Le baron, passe la manche

Il n’y a pas que les rubis, pour laisser dans leur sillage comme des gouttes de sang, et John Mannering, qui voit passer — dans sa boutique du West-End — tant de pierres d’une valeur inestimable, le sait mieux que personne. N’est-ce pas, trop souvent, qu’une sombre auréole de crime et de désespoir vient illuminer leur splendeur froide ? Témoins ces merveilleux saphirs Fothergill, qu’il vient d’acheter et de revendre, qui ont disparu presque aussitôt, et dont il lui faut retrouver la trace pour venger une victime, sauver un innocent, et confondre un assassin. Mais s’il n’est pas de frontière pour le crime, il n’est pas de limite, non plus, à l’astuce et au courage de Mannering, quand son devoir de justicier le réclame. Le temps de flairer la piste — il ferait beau voir que des pierres précieuses et sanglantes échappent longtemps à l’instinct infaillible de l’ex-Baron ! — il fonce, sans souci du danger et des compromissions. N’a-t-il pas, pour le protéger, un merveilleux talisman ? Cette Lorna, toujours charmante et calme, qui le suit comme une ombre fidèle ?