Depuis des années, les dissidents pensent, écrivent, luttent : ils risquent pour cela la prison, les camps, les tortures psychiatriques et, parfois, la mort au bout du chemin. En France, l’intelligentsia qui, naguère, ignorait - voire méprisait - leurs luttes, les encense aujourd’hui. Cette reconnaissance arrive à temps pour les enfants de Mai 68, avides de se forger, grâce au combat des autres, de nouveaux mythes. Mais cette adhésion aveugle ou frivole, qui ne débouche trop souvent sur aucune action de solidarité, n’est-elle pas contradictoire avec l’idéal qui anime les opposants aux dictatures totalitaires d’Europe de l’Est ? Aussi, l’objet de ce livre est-il de présenter les différentes sensibilités qui constituent la dissidence – unie et diverse – dans chacun des pays d’Europe de l’Est, non pour établir on ne sait quel palmarès, ou pour faire un tri entres les « bons » et les « mauvais » dissidents, mais avec la conviction que la connaissance des débats, qui les partagent mais surtout qu’ils partagent, peut - seule - nourrir le soutien sérieux qu’exige leur combat pour la liberté.