“J’aimerais parler de Saint-Tropez, raconte Orlando de Rudder. Pas uniquement du lieu célèbre, mais de ce monde que j’ai connu enfant : l’école communale, les paysans, les pêcheurs, les artistes qui n’y venaient pas en vacances mais, au contraire, pour travailler. Je voudrais raconter l’odeur du nougat qui tiédit sur le marbre, les braconniers, les ouvriers des usines de sardines et de torpilles, la mémoire des gens, qui se souviennent encore des attaques anciennes des Turcs et des Gênois. Ce monde existe encore, discret, tenace, à trois pas des yachts étincelants et des filles toute nues. J’ai connu ce pays petit garçon. Je l’ai retrouvé, avec ses vignes et ses chênes-liège, la fraîcheur pétillante du Gambetta-limonade, l’étrange immobilité mouvante de la mer...”.