Réussite intellectuelle, sentimentale, mondaine : on fréquente les Harcourt comme l’on va admirer ces trapézistes qui ont peaufiné leur numéro depuis vingt-cinq ans. Mais ce couple n’est-il pas un soleil froid ? Un de ces astres lointains, brillant de tous leurs feux, mais déjà morts depuis des millions d’années. Un jour, Dominique prend un coup de lucidité, comme on prend un coup de froid : toute leur vie, auront-ils fait autre chose que jouer, se jouer des autres et d’eux-mêmes ? Elle part à la recherche des témoins de leurs premières années, ces jeunes intellectuels qui s’affrontaient à coups de tessons d’idées. Ils se portent bien, ils portent même beau, mais ils sont atteints d’un étrange lumbago, la respectose : le besoin de respectabilité, d’être reconnus, qui les a frappés à la quarantaine. Eux qui flottaient dans des projets pas à leurs mesures, sont désormais très présentables dans leur prêt-à-penser bien coupé. Soleil froid est l’histoire de ce retour aux sources. Périlleux itinéraire, qu’aucune agence ne propose en voyage organisé : « en individuel seulement... et ça coûte cher... et nous n’assurons pas le retour. »