Je vais y glisser mes doigts, doucement, un à un. Longuement. Il me mordra. Fort. Très fort. Et je crierai. Je rirai aux éclats. Aux larmes. Ce sera mon silence sur moi. Alors, nous entrerons par la porte du jardin. Franchis la véranda, les agaves, il y aura l’escalier. Long velours d’un monde consterné. J’irai. Il me suivra jusqu’à ma chambre vierge. La romance d’Élisabeth est une autobiographie imaginaire, où l’héroïne — qui s’exprime à la première personne — raconte ses émotions, ses émois, ses expériences sensuelles et sexuelles, avec beaucoup de charme et de précision. Ce sont, en quelque sorte, les années d’apprentissage d’une ingénue imaginative. Le ton est alerte, enlevé. L’écriture, pour relativement spontanée qu’elle apparaisse, n’en est pas moins finement orfévrée, et d’excellente qualité. À mi-chemin entre le roman érotique et le récit psychologique, la narration classique et le style baroque, cette œuvre aux tournures surprenantes, s’offre avant tout comme une véritable chair lyrique. La romance d’Élisabeth est surtout un livre d’amour fou, et un vibrant hommage à l’être féminin.