« D’autres jouaient mon rôle. D’années en années, on n’avait cessé de le reprendre. » Ainsi, le héros de L’eau douce, « resté à aimer sur place », voit le mouvement du temps s’accélérer autour de lui : l’eau douce des rivières s’élargit pareillement vers les estuaires. À notre connaissance, Jean Dubacq est le premier auteur français à s’abandonner délibérément à la durée, pour reconstituer — par touches fidèles et raffinées — ce que la mémoire a sauvegardé, sans chercher à restaurer les fragments détruits. Le paysage mental y gagne en pittoresque et en nuances. En musicalité aussi : comme certains textes de Léon-Paul Fargue, L’eau douce est un adagio qu’il faut accueillir et écouter.