Je regarde les gens autour de moi, leur façon de vivre, leur travail, et je suis partagée entre la panique et l’écœurement. Réussir, entrer dans le système avec assurance, se battre, gagner ; j’en serais tellement incapable que j’en ricane. J’ai peur : peur de la solitude, peur de l’avenir, peur d’avoir des enfants (pour leur dire quoi ? leur apprendre quoi ?), peur de vieillir (lorsque viendront les premiers signes de la vieillesse, et que la haine et l’épouvante grandiront, où trouver la force nécessaire pour les combattre ?), peur des souffrances physiques et morales qui m’attendent, peur d’échouer dans toutes mes entreprises, peur des conséquences du moindre de mes actes, peur de rater complètement ma vie. Que pourrais-je faire, mais que pourrais-je bien faire plus tard ? Il faut arrêter, sinon je vais me mettre à crier. Il faut dormir et d’abord inventer un jeu stupide auquel je jouerai pour ne plus penser. Dans quelques heures, il fera jour.