En 1954, Driss Chraïbi faisait une entrée fracassante dans la littérature maghrébine avec Le passé simple, œuvre audacieuse et novatrice, qui inaugurait le cycle de la révolte. Auteur de 11 romans, de nombreux articles et d’émissions radiophoniques, « Chraïbi fut un commenceur. Son premier livre est venu très tôt, trop tôt. Logiquement — et nous laissons le soin de démontrer cela à un érudit de l’an 2000 — cet ouvrage ne s’explique pas par un processus d’évolution harmonieux et déterminé. C’est presque un accident. Et tant mieux. Driss Chraïbi aura eu l’avantage d’ébranler avant terme un édifice dont les bases pourries craquaient tous les jours sans tirer une seule inquiétude aux consciences droguées par divers somas... Ainsi cet écrivain n’a pas été uniquement ce perturbateur de la pétrification, il a, du même coup et de par la seule publication de ce livre, doté la littérature marocaine de sa première œuvre moderne... Chraïbi contestait non seulement l’attitude contemplative et complexée de nos écrivains vis-à-vis de la langue et de l’écriture, mais aussi la fonction littéraire qui était encore un apanage d’aristocrates ou de bouffons ». (A. Laabi) L’ouvrage de Houaria Kadra-Hadjadji se donne comme une forme d’introduction à l’œuvre de Driss Chraïbi, laquelle est appelée à susciter de plus amples recherches.