Les émotions les plus contradictoires me tiraillaient, alors que je sonnais à la porte de cet appartement, dont on voyait, même du dehors, qu’il était luxueux. Je venais de prendre, pour me donner du courage, un petit café au rhum dans un café de la Place d’Italie. Un homme grand et élégant m’ouvrit, cria à des gosses, qui s’amusaient bruyamment, d’arrêter le chahut, me serra chaleusement la main que je lui avais tendue et me dit : – Vous êtes Lotfi... Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, on va aller prendre un pot au café du coin... Huguette n’est pas là... Elle est chez ses parents... Si le télégramme était une bombe, c’était une bombe à retardement, car la déflagration eut lieu dans “le café du coin”. – Monsieur, je vais être bref, me dit le mari de Huguette sans entrée en matière. Je me suis marié avec Huguette quelque temps après son retour de Tunisie où elle avait été avec vous. Je savais tout... Et aussi quelque chose que vous ne savez pas, et que je vais vous dire maintenant.