Colloque sur la situation de la littérature, du livre et des écrivains

C'est en avril 1975 que, sous les auspices du Centre d'études et de recherches marxistes, se déroula - au Palais du Luxembourg à Paris - ce Colloque sur la situation des écrivains et de la littérature, où furent successivement examinés : la place et la fonction de la littérature, le livre et les problèmes d'édition et de diffusion, la situation de l'écrivain.Plusieurs centaines de participants en ont suivi activement les travaux, chercheurs dont les options - doctrinales et politiques - sont très diverses mais qui, tous, souhaitaient contribuer à promouvoir une société où le libre épanouissement de la création culturelle serait effectivement possible.C'est pourquoi s'est dessinée une unanimité, pour dénoncer la profondeur de la crise qui affecte la création, la lecture, l'édition et la diffusion du livre en France.C'est vrai pour l'activité créatrice, victime d'un malthusianisme et d'un autoritarisme d'une extrême gravité. La plupart des écrivains connaissent une situation matérielle précaire. La publication de leurs œuvres est de plus en plus retardée, ou refusée. La censure et l'autocensure démentent tous les propos officiels sur la "totale liberté" de l'édition dans notre pays.C'est vrai aussi pour la lecture. Des millions de Français ne lisent pas, parce qu'ils n'ont pas assez le temps, ni les moyens, ni les raisons de lire. Cette situation a tendance à s'aggraver, avec l'accentuation des difficultés de travail et de vie, l'extension du chômage et une politique scolaire qui tente de restreindre la formation du plus grand nombre. Et ce, d'autant plus que rien n'est fait, bien au contraire, pour sortir les bibliothèques et la lecture publique de la misère où elles se trouvent.C'est vrai enfin pour de nombreux petits et moyens éditeurs et libraires, assaillis de difficultés, et souvent menacés de disparition par une politique au service exclusif des grandes féodalités, économiques et financières.C'est le bilan accusateur qui ressort du Colloque, dont le moindre intérêt n'est pas la réflexion collective qu'il suscite, le rassemblement qu'il a engagé pour contribuer à assurer l'avenir de la création, de la lecture et de l'édition française.