En février 2014, à la suite d’un burn out, Cécile Portier entre pour trois semaines en clinique psychiatrique. Pendant ce temps de soins, elle éprouve le besoin de noter les sensations qui la traversent, d’écrire ce lieu et ceux qu’elle y rencontre. Elle enregistre par l’écriture le flux des conversations, des sons, de ses propres pensées (« La pensée est-elle un organe ? Avoir mal en pensant, est-ce mal penser, est-ce une maladie ? »). Elle note le déroulement des heures et des gestes, le « temps qui passe en spirale, en entrelacs, en rond, en n’importe quelle forme qui ne soit ni droite ni orientée », les journées qui se répètent inexorablement, « des horaires pour tout : l'heure des repas, l'heure des médicaments, l'heure des activités, l'heure de fermeture du salon commun. Il y a des horaires pour tout qui font qu'on sait facilement sur quoi bute notre attente ». Les activités, les ateliers dessin, presse, et l’heure du goûter. « De nos vies nous ne voyons que les mécanismes ». Le sentiment d’étrangeté du lieu, le sentiment, même, d’en être étrangère, font place au constat que cette intimité non choisie est un partage. La description de l’endroit (sa terrasse, son jardin, le salon, les chambres), nous montre l’envers de ces « lieux de fatigue ». Elle n’a, à première vue, rien en commun avec ceux-là qui sont ici en même temps qu’elle, mais le seul fait d’avoir été défaillants les rapproche. Elle comprend que cette défaillance n’est pas que personnelle, qu’elle est l’écho, le symptôme peut-être, d’un fait social. « Dans ma chambre du pavillon, le lino est troué par endroits. Tout le monde a le droit d'avoir des failles ». Elle déjoue tous les poncifs du témoignage ou du récit d'expérience, et d'un trait vif, direct, précis, dénonce les mécanismes de notre quotidien. « Écrire ici c’est repasser toujours par les mêmes points, oublier l’exigence d’avancer vers quelque part ». Cécile Portier enregistre au plus ras de ce qui se passe, du temps qui ne passe pas. Et toujours, ce refus de se laisser enfermer, jusque dans ce qu’on attend d’elle.
À écouter en ligne, la lecture du texte https://soundcloud.com/publienet/les-longs-silences-par-cecile-portier
Disponible en papier >http://www.publie.net/livre/les-longs-silences-cecile-portier/
Collection : Temps Réel
Publication : 4 novembre 2015
Edition : 1ère édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : eBook [Mobipocket + WEB + ePub]
Contenu(s) : Mobipocket, WEB, ePub
Protection(s) : Aucune (Mobipocket), DRM (WEB), Aucune (ePub)
Taille(s) : 4,93 Mo (Mobipocket), 1 octet (WEB), 2,1 Mo (ePub)
Langue(s) : Français
Code(s) CLIL : 3825, 3165, 3442
EAN13 eBook [Mobipocket + WEB + ePub] : 9782371771260
Christine Jeanney, Philippe Carrese, Lucien Suel, Régine Detambel, Didier Daeninckx, Marie Cosnay, Anne-Sophie Barreau, Michel Volkovitch, Jacques Serena, Frank Smith, Daniel Bourrion Daniel Bourrion, Stéphanie Benson, Annie Rioux, Marc Villard, Michel Brosseau, Jean-Michel Maulpoix, Jean-Pierre Suaudeau, Fabien Clouette, Cécile Portier, Laurent Grisel, Michèle Kahn
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