La Sainte Farce c'est l'aventure éternelle du théâtre de jeunes acteurs comme le couple Clélia-Touraine, un vieillard noble et cabot (Dupin, directeur de la troupe), un auteur sans succès (le pittoresque Victor-Napoléon Alexandre), une gitane impétueuse, un enfant, Rico, une actrice ratée, un titi, un paysan..., chacun vivant avec la nostalgie d'un âge d'or du théâtre qu'il voudrait ressusciter.
La ferveur est maintenue par l'extraordinaire présence d'Argamasilla, dit l'Espagnol, personnage de la démesure qui vit en misanthrope dans un vieux wagon sur un terrain vague. Avec les moyens du bord, ils décident de partir à la conquête des villages. Après un Paris fantasmagorique, c'est la campagne française qui sert de toile de fond à leurs exploits. On assiste à la naissance d'un théâtre, et, en même temps, à la transformation des personnages, au drame de l'acteur-né aux prises avec ses multiples personnalités.
A travers mille aventures, mille tableaux colorés, des colères d'Argamasilla aux amours de Touraine et de Clélia, des roueries de la gitane aux inquiétudes de Dupin, des grandeurs et décadences d'Alexandre à la fraîcheur sauvage de Rico, le lecteur est convié à un voyage en pays théâtral où la fantaisie même s'accompagne de profondeur. Il y retrouvera dans un fourmillement d'idées, de faits, de vues sur le théâtre et ses comédies, cette atmosphère originale, faite de verve et de chaleur, qui fait le prix des romans de Robert Sabatier.