Alexandre Kojève est actuellement presque absent sur la scène philosophique. Cette évanescence, voire ce constat d’oubli, déconcerte et désole. Mais en le prétendant, bien sûr pour le regretter, nous ne pensons pas principalement aux qualités reconnues de sa Lecture ou Commentaire de Hegel, ces dernières admirées, mais plutôt à l’Œuvre-Kojève en tant que telle. À l’Œuvre d’Alexandre Kojève dans sa plénitude ou intégralité substantielle, c’est-à-dire au Discours kojévien en tant qu’extraordinaire mise en œuvre de son effort de penser, au Discours kojévien dans sa géniale originalité d’incomparable reconfiguration du champ des enjeux et significations philosophiques, bref à cette façon si particulière d’être pensant et d’agir en pensant — qui nous intéresse, interpelle, dialectise notre conscience, et qu’il nous importe donc, au travers de ces quelques courts essais, de défendre, de redonner, au mieux de réapprendre, et, partant, d’exhausser à nouveau sur les fronts d’intérêts de diverses scènes philosophiques.