Jacques Testart pousse ici un cri de colère : quand les plantes génétiquement modifiées ne tiennent pas leurs promesses, quand leurs risques ne sont pas sérieusement évalués, quand les critiques sont systématiquement discréditées, que reste-t-il de la science ? Quand les entreprises qui diffusent les innovations pèsent fortement sur les commissions d’experts et les décideurs politiques, quand sont proposés des simulacres de concertation alors que tout est déjà décidé, que reste-t-il de la démocratie ? Il n’empêche, les innovations s’accélèrent, au nom de la modernité (« on n’arrête pas le progrès »), de la science (« tout est sous contrôle »), et de l’urgence (« on risque d’être en retard »). Et, le plus souvent, contre l’avis des populations. Il est pourtant possible de donner aux citoyens les moyens de produire un jugement éclairé, à l’exemple de la conférence de citoyens : un groupe de personnes, neutres, accepte de recevoir une formation complète et contradictoire avant d’élaborer ensemble un avis. Ainsi, la population pourrait-elle influer sur le choix des grandes orientations, notamment scientifiques. Légaliser cette procédure est la meilleure voie pour échapper au destin qu’imposent les forces économiques dominantes et ainsi appuyer sur les freins du vélo de la croissance tous azimuts. Avant qu’il ne soit dans le mur.