Longtemps relégué au rang d'ordinaire catégorie sociale ou grammaticale, le concept de genre s'impose aujourd'hui comme un levier critique qui invite à (re)penser les rapports sociaux, les hiérarchies symboliques et les dynamiques de pouvoir. Née des mouvements féministes et de la volonté de dire autrement la différence des sexes, la question du genre, portée par des contextes politiques, culturels et théoriques en mutation, continue d'évoluer. C'est un sujet qui divise, dérange, interroge. Les débats se renouvellent, se multiplient et les lignes de fracture se déplacent : féminisme, parité, identité de genre, écriture inclusive, représentation des femmes dans les sphères de pouvoir... autant de sujets qui alimentent les controverses et les prises de position passionnées.La troisième sortie de Résonances nous donne l'occasion de débattre, au regard des préoccupations contemporaines, sur la manière dont le genre est perçu, représenté, analysé, médiatisé, textualisé et mis en discours. Par-delà les disciplines, cette parturition met en lumière les théories, les tensions et les mutations qui affectent les représentations genrées, dans un monde marqué par l'intersectionnalité des oppressions et la quête d'identités authentiques et/ou plurielles. La table ronde organisée par l'ACEL le 3 mars 2021 sur le thème « Le genre en question : du féminisme à la féminisation » a constitué le point de départ de ce numéro. S'en est suivi un appel à contributions, qui a abouti à une riche moisson de textes, illustrant la diversité des approches disciplinaires et des sensibilités sur cette thématique.Ce sont autant de fragments d'une parole plurielle qui témoignent de la richesse des approches, de la diversité des ancrages disciplinaires, mais également de la complexité des enjeux contemporains liés au genre. Il s'agit de mesurer, en contexte postmoderne, son impact sur les structures sociale, économique, littéraire, linguistique, culturelle, etc. Ces pages proposent donc un arrêt réflexif, une mise à distance nécessaire qui, en interrogeant notre temps, écoute les voix dissonantes, pense la transformation, face aux usages galvaudés, parfois instrumentalisés du genre et de ses avatars. Cette galette scientifique invite à la réflexion critique et à la dégustation intellectuelle. Résonances maintient le cap.