Le génie des gens ordinaires

Ce génie est celui de ces jeunes de cités dont la fréquentation, durant près de vingt-cinq ans et plus d’une centaine de courts-métrages de fiction, a régénéré l’intellectuel parisien que j’étais. Ils m’ont révélé à moi-même tout autant qu’ils se révélaient à moi  : j’ai été surpris par leur créativité, ravi par la pertinence si aiguisée de leur esprit critique, de leur autodérision ; j’ai été réjoui par leur énergie et leur enthousiasme intact.
Avec eux comme co-auteurs, j’ai conçu des films dont, seul, je n’aurais jamais eu l’idée. Ces œuvres originales racontent des éclats de vie inédits, drôles, émouvants, singuliers. Ce récit évoque notre relation en perpétuelle construction et ma fonction nouvelle de stimulateur d’une créativité florissante, trop souvent inexplorée. J’ai éprouvé la formidable richesse du travail collectif  : par la mise en réseau d’imaginaires pluriels, il favorise l’expression individuelle dans un plaisir réciproque et partagé.
Et donne à voir ce qui pourrait constituer les bases d’une authentique culture populaire.