En 2018, le festival d’Avignon était dédié aux questions de genre et la Manifesta de Palerme à l’écologie. Parallèlement à ce nouvel art militant émergent de nouvelles formes de censures (boycott des films de Woody Allen ou de Roman Polanski, pétition pour le retrait d’un tableau de Balthus, annulation de la pièce Kanata de Robert Lepage…). Après des décennies d’art formaliste, autoréflexif ou transgressif, l’art le plus contemporain se trouve plongé dans une atmosphère globale de moralisation. Or, l’art peut-il s’assigner des buts éthiques et peut-il être jugé sur des critères moraux ? Ces questions, que l’on pensait réglées, retrouvent une brûlante actualité. Carole Talon-Hugon procède à un état des lieux de ce nouvel agenda sociétal de l’art contemporain (cause décoloniale, minorités raciales et sexuelles, inégalités…) et procède à une mise en perspective historique qui fait ressortir la particularité de la situation actuelle, avant de procéder à une analyse de la censure éthique. La question est finalement de savoir ce que l’art et l’éthique ont à gagner et à perdre dans ce tournant moralisateur de l’art contemporain.