Début novembre 1975, attiré dans un guet-apens sur une plage d'Ostie, Pier Paolo Pasolini, cinquante-trois ans, est agressé, molesté puis assassiné par une bande de garçons masqués. Laissé agonisant dans ce no man's land, le plus pieux de tous les blasphémateurs voit paraître son ange. Un dialogue s'engage, prétexte pour le mourant à revisiter les épisodes clés d'une vie créatrice complexe, exaltée, douloureuse, long chemin de chagrins, de triomphes, de doutes, de paradoxes féconds et d'échecs mortifères. Face au miroir de l'ange, se déploie un examen de conscience sans complaisance, l'autoportrait de l'un des cinéastes les plus intenses et visionnaires du XXe siècle, taillé dans l'étoffe de ses contradictions. Fils d'un aristocrate déchu et d'une femme d'origine paysanne frioule ; progressiste et passéiste ; enraciné dans un régionalisme farouche, jamais en panne d'une provocation ou d'une polémique ; déchiré entre la ferveur religieuse et les pulsions homosexuelles ; en quête incessante de beau et d'humanité, mais capable de violence intellectuelle et de transgressions artistiques inégalées. Une figure unique dans la galerie des créateurs phares de l'après-guerre.