Si l’on connaît aujourd’hui le dialogue fructueux que Paul Ricœur a noué avec les penseurs structuralistes, on ignore largement son positionnement face à la mouvance post-structuraliste. Faut-il opposer la philosophie de Ricœur au post-structuralisme à la française ou faut-il au contraire montrer qu’elle en est une variante singulière ? Au terme de son étude, Johann Michel défend la seconde option. Certes, l’auteur met en garde le lecteur contre toute tentative de réification du post-structuralisme dès lors qu’il ne s’agit pas d’une école de pensée mais d’une reconstruction qui relève de l’histoire de la philosophie. Le plus petit dénominateur philosophique commun qui permet de donner un sens à cette reconstruction tient dans le projet d’intégrer des prérequis du structuralisme assorti d’une ambition de dépassement. Dans la mesure où la négociation de cette traversée et les horizons de dépassement ont été construits de manière chaque fois particulière par chaque penseur, l’auteur plaide pour parler de post-structuralismes au pluriel. C’est la raison pour laquelle J. Michel propose des confrontations dyadiques entre Ricœur et certains de ses contemporains (Deleuze, Derrida, Foucault, Bourdieu…) que l’on regroupent habituellement dans cette mouvance.