À l’époque moderne, la confiance a souvent été considérée comme une attitude infantile, tandis que la méfiance bénéficiait d’un crédit de maturité d’esprit, car soi-disant plus rationnelle. Ce que tente de montrer cet ouvrage est que la confiance n’est pas une faiblesse excusable, mais une forme d’intelligence dans la vie sociale. Aujourd’hui, on s’inquiète beaucoup du déclin de la confiance, et certains s’alarment du développement d’une « culture de la suspicion », dont le complotisme est l’une des manifestations. Le diagnostic est souvent fondé sur les sondages d’opinion. Mais ceux-ci sont de piètres outils pour saisir l’état réel de la confiance. Si « crise de la confiance » il y a, il s’agit plutôt d’une crise de la « déférence », en partie liée à l’individualisme expressif moderne. Quant à la « culture de la suspicion », si son développement ne fait pas de doute, il est à rapporter aux transformations qu’ont subies la sphère de la communication sociale et la gestion de la res publica dans les formes récentes du libéralisme.