Captifs de leur chambre d’où ils observent le monde, ils travaillent, prient, dressent des listes, ont soif, tournent en rond. L’extérieur les angoisse, leurs pensées les obsèdent : incapables de sortir, enchaînés à des tâches banales – remplir un agenda, regarder des taches de soleil sur un plancher – dont ils se font une montagne, ils ne voient aucun terme à leur épuisante spirale quotidienne. Cette relecture du mythe de Sisyphe porte sur notre époque anxiogène un regard aigu où chacun est son propre geôlier. Dense, lancinante, flirtant avec l’absurde, la parole y circule entre plusieurs voix aussi hilarantes qu’affolées, en un système d’échos proprement vertigineux et un style qui ne ressemble à nul autre. Des êtres trop humains qui tentent de s’affranchir de leurs démons : le miroir qu’ils nous tendent, très drôle, est terriblement révélateur.