L'histoire européenne compte peu de moments aussi enthousiasmants et sidérants que les événements qui se jouèrent au printemps 1848. D’un même mouvement, comme par magie ou presque, ville après ville, de Paris à Rome, en passant par Berlin, Prague ou Vienne, d’immenses foules se rassemblèrent parfois dans la paix, parfois dans la violence, et l’ordre politique qui dominait encore le continent depuis la chute de Napoléon en 1815 s’effondra. C’est dans ce monde en pleine effervescence que Christopher Clark nous entraîne. À rebours de l’image traditionnelle d’une révolution manquée, l’historien australien restitue avec verve et brio cette période extraordinaire, pionnière à bien des égards de notre modernité. Partout émergent de nouvelles figures et de nouveaux espoirs. Pour un temps, le rôle des femmes dans la société, l’abolition de l’esclavage, la pauvreté des travailleurs, l’indépendance nationale ou l’émancipation des Juifs devinrent des questions centrales pour ces sociétés européennes en ébullition. Dans une suite brillante de tableaux, l’auteur raconte tour à tour la fermentation de ces nouvelles idées jusqu’aux contre-attaques redoutablement efficaces des régimes en place qui n’avaient pas dit leur dernier mot. Pourtant, même après la défaite et l’implacable répression qui s’ensuivit, les révolutionnaires exilés continuèrent à propager dans le monde les idéaux de 1848. Pour le meilleur comme pour le pire, une nouvelle Europe, au visage bien différent, émergera des décombres.